Reprenons notre détermination !

Une extase mêlée de peur m’a envahi et j’étais totalement dedans : 20, 30, 40, 50 personnes qui arrivent pour s’entraîner à se mettre en colère ensemble ! Non je ne rêve pas. Tout autour du monde des gens s’entraînent à générer de la colère1 pour être davantage eux-même !

Cessons d’exporter la Responsabilité sur les autres et reprenons notre détermination pour exister pleinement

“Comment vraiment faire de la place pour une culture Régénérative si nous attendons que ce soit quelqu’un d’autre qui s’en charge (un élu, un leader, un homme politique, un expert…) ? Une culture régénératrice passe par la création d’un nouveau contexte culturel qui commence par chaque créatif culturel2. À l’assaut des préjugés, des jugements, des émotions qui démontent nos capacité à être sécure3, nous tatonnons à l’orée d’une nouvelle culture du courage. Si nous nous coupons de notre colère, de notre indignation nous perdons aussi notre détermination, notre courage et nos racines dans ce qui compte pour nous.” Commençais-je lors de l’atelier du Campus des Conflits : ‘S’engueuler avec Panache’.

Nous exportons nos colères à l’extérieur de nous-mêmes, au lieu de la concentrer en dedans pour créer des actions fortes de signification pour nous, pour les autres et pour la Terre. Recentrons nos cultures sur une capacité à porter pleinement sa responsabilité4 d’être humain. Ce lieu de détermination se trouve d’abord en soi et il faut que cette détermination soit plus forte que les peurs du changement, et que son point d’origine ne soit pas la compréhension5 mais l’empathie véritable.

Non, la nouvelle culture régénératrice du vivant ne peut advenir si de nombreux êtres humains attendent de figures d’autorité le feu vert pour y aller. Il est normal que ça résiste et que ça coince. Attendez un moment : vous pensez que tous les changements se sont fait de manière fluide ?

“Le pacifisme n’est pas la non-violence.”- Gandhi

Nous ne sommes pas ce que nous pensons être

Est-il nécessaire de le rappeler ?

Non, nous ne sommes pas notre porte-feuille, nos autorisations de circuler, nous ne sommes pas ce que nous pensons être, car souvent nous pensons à travers les autres. Nous sommes bien plus. Nous sommes bien plus fort que ce que nous pensons être ! Nous ne sommes pas non plus notre culture : patriarcale, extractiviste ou capitaliste.

Passer d’une société extractiviste demande bien plus que de demander des choses aux autres, aussi commençons par nous-même. Quelles impulsions sont en attente dans nos écosystèmes intérieurs et ne sont pas honorées fautes d’excuses ? Comment pouvons-nous, nous-même arrêter d’extraire ce que nous voulons faire des autres ?

Demandons-nous d’exister davantage. Il va falloir vouloir ce que nous voulons et mettre l’ardeur à l’endroit de la transformation personnelle, sociale et planétaire.

Dans un Labo de Clarté et ses intros, les Ateliers de Courage, nous nous battons pour la vie, pour que la vie en l’autre puisse prendre sa place, pour que le courage puisse perdurer, fertiliser d’autres vallées de l’empathie.

Fertiliser les vallées de l’empathie par la colère consciente

Certains me demandent : “pourquoi commencer avec la colère ?”

Je réponds : “parfois la tristesse permet d’augmenter son empathie, la peur d’activer son scanner pour sentir ce qui se passe dans un lieu, la joie une sorte d’engouement pour aller quelque part… la colère terrorise tout le monde (bien souvent). Pourtant son pouvoir est réprimé, caché, mis sous le tapis, alors qu’elle permet de réveiller le muscle de la détermination.”

Et de continuer : “vous allez vous disposer en rangs face à face. Une personne va exprimer toutes ses colères de l’instant présent - n’allez pas chercher dans le passé. Si vous êtes en colère du papier peint, vous êtes en colère parce que le papier peint est délavé : c’est votre colère. Nous entrons dans un espace pour honorer la colère. Les autres, vous écoutez en empathie. L’empathie signifie que vous ressentez quelque chose par rapport à ce que l’autre ressent. Vous ne ressentez pas ce que l’autre ressent.”

Celles et ceux pour qui la réaction à la colère était trop intense on pu s’écarter tout en restant dans l’espace.

J’avais quelques peurs émotionnelles que j’ai pu mettre de côté pour laisser place à plus de peur adulte et à une joie immense !

Aller au delà de la ligne de la zone de confort

Avec ma peur adulte6, j’ai continué :

« Les personnes en colère, comment se fait-il que vous ne puissiez pas sortir de votre zone de confort ? Allez au-delà de la ligne » (j’ai déjà parlé de la colère raisonnable qui est différente pour chaque personne, en dessous de la ligne de la zone de confort).

« Vous qui écoutez, vous êtes désormais des encourageurs, faites partie de l’équipe de la personne en face de vous, comment se fait-il qu’elle n’ose pas ? Demandez-lui d’aller au delà de la ligne pour l’entendre vraiment.»

Un bref Processus de Transformation Émotionnel s’est produit, permettant à une personne de démêler sa tristesse de sa peur pour les ressentir distinctement et nommer les décisions prises sur sa vie dans le passé. Revenue à elle, centrée, un participant me demande : “Oui, ça peut faire peur de voir quelque chose de nouveau. Oui, on peut se dire : et si c’était moi, ça aurait marché ?”

“Ce qui est important c’est ce qui se passe, pas ce qui pourrait se passer. Ici nous mettons en évidence la distinction sentiment / émotion.” Je réponds.

Comme la personne pouvait se lever complètement et faire de la place à ses sentiments, en laissant l’émotion de côté, j’ai décidé de poursuivre avec un autre exercice de colère consciente : un cercle au milieu (comme le modèle de du Bocal à Poisson7), les autres autour pour encourager, certains allant jusqu’à crier leurs encouragements.

Alors que 7-8 personnes criaient au milieu en étant dans l’équipe adverse : « Je n’entends pas ta colère ! Allez, c’est tout ce que tu as ? Oui ! Je suis en colère parce que la planète est tellement détruite ! Tu n’es pas vraiment en colère, tu souris ! »

Une sorte de bassin de colère chaotique s’est formé au milieu tandis que l’autre cercle autour encourageait. Je pouvais à peine les voir, car un homme s’était levé et s’était mis en colère pour un autre homme. Une bataille pour la vie a commencé, un homme voulant que l’autre soit plus en colère.

Nous nous sommes réunis à la fin pour un cercle des sentiments aux côtés les uns des autres, laissant nos voix faire le son de la colère, de la peur, de la tristesse puis de la joie.

Comment se fait-il que ce soit plus ou moins difficile pour certaines personnes cet accès à leurs sentiments alors que la vie nous invite à être plus vivants ?

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